La fuite intérieure avec Axelle Red

Une très jolie découverte : l’album d’Axelle Red, Rouge Ardent. Découverte due au hasard d’une pause déj passée à flâner dans les rayons d’une Fnac. La pochette m’attire, je me souviens avoir vu quelques jours avant son clip sur un Tumblr. J’avais trouvé ça chouette, alors j’écoute quelques extraits de la galette. Et là, une claque. Je n’appréciais pas particulièrement Axelle Red à l’époque du Hit Machine, je savais qu’elle sortait de temps en temps des disques, j’avais vu un passage sympa à Taratata et puis voilà. Mais là, je sens que quelque chose se passe entre mon cerveau, ce moment fugace et la musique que je découvre. Une sorte de coup de foudre, the right man in the right place, comme dirait Nicole Bricq. Ni une ni deux, j’achète le disque, avec la ferme intention de découvrir tout ça tranquillement à la maison.

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Aussitôt dit, aussitôt fait. Tout d’abord, la voix. Une voix cassée, comme enrouée. La fumée, la voix qui évolue avec l’âge, je ne sais pas. Intrigant et très plaisant. J’ai toujours aimé ces voix mystérieusement voilées : Moreau, Sanson… Là, j’imagine une voix de cowgirl, j’imagine la route 66, j’imagine des kilomètres avalés en bagnole, sous le soleil, toute fenêtre ouverte en écoutant de la soul à fond.

La lecture du livret montre des textes d’une poésie déconcertante de simplicité. Mais en apparence, pour le moins. La beauté de cette poésie n’en ressort que mieux : c’est qu’il en faut du talent pour faire une excellente chanson triste sous des formes de chanson joyeuse. Chanter l’hiver, le deuil, la rupture, l’air de rien. Peu y parviennent : Biolay, Sanson, Eicher… Axelle Red me surprend agréablement sur ce plan-là. J’aime ça, me laisser surprendre par ce décalage musical. Certaines chansons donnent carrément l’impression de pénétrer dans une toile de Hopper, de mettre pause dans un film de David Lynch, de rentrer dans l’image et prendre place au côté des personnages.

Entre chaque chanson, je sens le plaisir pris à créer, à écrire, à composer. Il y a du bonheur, du plaisir dans la création de ce disque et ça se sent. Ça fait longtemps qu’un album ne m’a pas autant séduit, par la joie qui s’en dégage et le plaisir de l’écouter, de le découvrir, chanson après chanson. Un peu comme l’excitation de découvrir un très bon nouvel album d’un artiste qu’on aime, dans lequel chaque note, chaque mot, chaque son semble à sa place.

Si j’avais envie de tout plaquer, de monter dans une bagnole et rouler à fond, les cheveux au vent sous mon carré Hermès, c’est un disque que j’écouterais en boucle. En attendant, je m’évade en l’écoutant de long en large dans mon casque dans le métro. Une fuite intérieure.

Un seul bémol : c’est beaucoup trop court ! Mais peut-être est-ce justement un gage de qualité, de ne pas se perdre dans du remplissage.

J’attribue mon label « devrait composer pour Véro ». Même urgemment, la Sanson étant en phase de travail : avec le côté soul bien cuivré qui se dégage de Rouge Ardent, qui laisse deviner le Hollywood sansonien, je suis persuadé que l’union des deux musiciennes pourrait vachement bien sonner sur scène. En attendant, je pense me laisser tenter par une soirée au Trianon.

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